Hommage
à Geneviève Haag
6 Décembre 1933 – 5 Juillet 2022
Hommage
Obsèques de Geneviève Haag – 8 juillet 2022
C’est bien sûr en tant que Président de la CIPPA que je vais dire maintenant quelques mots. La CIPPA est en deuil et nous sommes tous encore sous le coup de cette disparition si douloureuse de Geneviève, disparition qui nous laisse en quelque sorte hébétés avec un sentiment de vide intense. * Mais c’est à vous, Geneviève, que je voudrais maintenant m’adresser directement. Psychiatre, psychanalyste de la SPP, vous avez été, Geneviève, une grande observatrice de bébés et une grande spécialiste des traitements analytiques d’enfants autistes mais, en fait, je n’ai pas envie de faire une description détaillée de votre parcours professionnel. D’autres s’en chargeront et le feront sans doute mieux que je ne saurais le faire moi-même. Je voudrais seulement évoquer quelques étapes importantes de ce trajet avant de dire surtout la personne que vous êtes à mes yeux et qui allez tant nous manquer, à tous.
Bernard Golse, président de la Cippa
Hommage à Geneviève Haag de la Cippa latino Américaine
Geneviève Haag était psychiatre, ancienne interne des hôpitaux psychiatrique de la Seine. En 1964, elle est appelée par le Pr Didier Duché pour rejoindre l’équipe de L’Institut Médico-Éducatif Marie-Auxiliatrice à Champrosay (Essonne). Elle en deviendra le médecin chef, et y créera, dans les années 80, des dispositifs innovants de soins individuels et groupaux destinés aux enfants atteints de troubles polyfactoriels présentant des troubles autistiques sévères. Dans les années 60, elle rejoint le Dr Henri Sauguet à L’Institut Claparède à Neuilly sur Seine. Elle y rencontre James Gammill qui devient un de ses superviseurs, il l’engage à établir des contacts avec les psychanalystes anglo-saxons qui s’occupent d’autisme.
Geneviève Haag was a psychiatrist and a former resident of the psychiatric hospitals of the Seine. In 1964, she was called by Professor Didier Duché to join the team of the Institut Médico Educatif Marie-Auxiliatrice in Champrosay (Essonne). She became the head doctor and, in the 1980s, created innovative individual and group care systems for children with polyfactorial disorders and severe autistic disorders.
In the 1960s, she joined Dr Henri Sauguet at the Institut Claparède in Neuilly sur Seine. There she met James Gammill who became one of her supervisors. He encouraged her to establish contacts with Anglo-Saxon psychoanalysts who dealt with autism.
Hélène Suarez-Labat, membre de Société Psychanalytique de Paris
Hommage à Geneviève par Didier Houzel
Conférence tenue à la Société Britannique de Psychanalyse le 3 mai 2023
Je pense qu’il est difficile de se faire une représentation du paysage psychanalytique français lorsqu’on appartient à un autre pays que la France. Cela est déjà compliqué pour un psychanalyste français tant les rivalités de personnes et les querelles théoriques ont produit un éclatement de la communauté psychanalytique. Pour un étranger, je crains que cela ne défie l’entendement…
Obsèques de Geneviève Haag – 8 juillet 2022
Clarisse Baruch, présidente de la SPP m’a demandé de la représenter pour témoigner de notre reconnaissance envers l’œuvre et la personne de Geneviève Haag. Par une œuvre exemplaire de recherche psychanalytique elle a fait progresser la connaissance de la construction du psychisme humain et l’a mise au service de la thérapeutique des états autistiques. Elle a introduit en France les œuvres de Frances Tustin et d’Esther Bick en allant se former auprès d’elles, donnant accès à une pensée anglo-saxonne dans la filiation de W.R. Bion
Denys Ribas
Très triste nouvelle. C’est une grande perte. Un grand merci à une grande dame pour toute son œuvre et sa générosité à la transmettre.
Elle nous manque déjà…
Màya Korkokiou (Athènes-Grèce)
Nous gardons tous le souvenir de son écoute bienveillante, de son regard éclairant et de cette attention si délicate lors de nos rencontres
Toutes mes condoléances à sa famille et ses proches.
Georges Lançon (France-Gard)
Geneviève a été pour moi une accompagnatrice d’une générosité, d’une bienveillance et d’une bonté rare et exceptionnelle.
Malheureusement, je n’ai pu me rendre aux obsèques alors que j’aurais tant aimé être une dernière fois à ses côtés. Je n’oublierai jamais sa contribution à mon exercice professionnel en tant que psychologue de personnes avec autisme. Elle a été pour moi une référence absolue, chargée de connaissances, d’ouverture, de douceur et de compassion.
Maguy Couet-Lannes (Paris)
Madame Haag a rejoint son compagnon.
Je partage avec émotions cette tristesse avec les personnes qui l’ont côtoyée durant sa vie.
Dès que j’ai entrepris de travailler en hôpital de jour, puis en CMP et enfin en libéral, madame Haag a été pour moi une boussole permanente et un phare qui a orienté ma pratique.
J’adresse à sa famille et à tous ceux qui l’ont entourée, mes plus chaleureuses condoléances.
Jacky Garrone, psychomotricienne, Nice
Éducatrice spécialisée travaillant auprès de jeunes enfants autistes, j’ai beaucoup appris grâce à Geneviève Haag et ses travaux d’observation et j’ai une admiration et une reconnaissance infinie pour elle.
Triste oui pour sa famille mais ce qu’elle laisse en héritage reste à la postérité.
Annick Seguin (France)
Hommage attristé à cette grande clinicienne chercheuse inspirante.
Pierre Benghozi, pédopsychiatre psychanalyste
La triste nouvelle est arrivée chez nous avec le sentiment énorme de la distance géographique, de l’autre côté de l’océan, la perte de la professionnelle mais aussi la générosité de sa personne, et qu’elle a toujours transmis à tous.
Avec toute mon amitié
Claudia Mascarenhas Psychanalyste (Brésil)
Poème de Claudia Mascarenhas Fernandes en hommage à Geneviève Haag
GUARDAR
Guardar uma coisa não é escondê-la ou trancá-la.
Em cofre não se guarda coisa alguma.
Em cofre perde-se a coisa à vista.
Guardar uma coisa é olhá-la, fitá-la, mirá-la por admirá-la, isto é, iluminá-la ou ser por ela iluminado.
Guardar uma coisa é vigiá-la, isto é, fazer vigília por ela, isto é, velar por ela, isto é, estar acordado por ela, isto é, estar por ela ou ser por ela.
Por isso, melhor se guarda o vôo de um pássaro
Do que de um pássaro sem vôos.
Por isso se escreve, por isso se diz, por isso se publica, por isso se declara e declama um poema:
Para guardá-lo:
Para que ele, por sua vez, guarde o que guarda:
Guarde o que quer que guarda um poema:
Por isso o lance do poema:
Por guardar-se o que se quer guardar.
Toutes mes pensées vont vers elle dans ce grand départ pour rejoindre son cher mari qui lui manquait tant.
Je présente toutes mes condoléances à sa famille et à nous tous du réseau CIPPA et à tous ceux qui l’ont connue de loin ou de près.
Geneviève était une grande dame qui a pu comprendre de l’intérieur les enfants autistes pour les aider à cheminer à leur rythme dans leur évolution.
Elle a su transmettre avec générosité sa clinique et ses réflexions pour nous aider à les accompagner. Nous avons eu la chance de la connaitre, de partager avec elle, jusqu’à la dernière journée CIPPA où elle a été si contente de venir.
Elle nous nous manque déjà. Je lui adresse ma profonde gratitude. Ses écrits continueront longtemps à inspirer les cliniciens. C’est à nous de prendre le relai.
Chantal Lheureux-Davidse, psychanalyste Paris
Je suis très émue ! Triste et toujours admirative de tout ce que Mme Haag nous a laissé. Que son âme repose en paix. Nous continuerons à répandre son œuvre et essayerons toujours de continuer à travailler pour une meilleure compréhension et pour le respect des familles et enfants TSA.
C’était un vrai honneur pour moi de l’avoir connue.
Maria Rothschild
C’est avec une infinie tristesse que j’apprends la disparition de notre chère Geneviève que je connaissais depuis nos années communes de l’internat des hôpitaux psychiatriques de la Seine. Que de chemin parcouru jusqu’à la création de la CIPPA et depuis le succès de ses travaux scientifiques et humains.
Très affectueusement à ses proches et vous toutes et tous.
Jacques Fortineau, Ex président de la Fédération Française de Psychiatrie
Chers tous, compagnes et compagnons de route de Geneviève Haag,
C’est une immense tristesse que j’éprouve devant la disparition de la grande clinicienne, chercheuse et théoricienne et de la personne, ses qualités de cœur, sa sensibilité aux autres et son écoute, son profond souci de transmettre.
Bernard Touati, psychiatre, pédopsychiatre, psychanalyste – Paris
C’est une femme qui aura toujours guidé ma pratique.
Malgré son absence, la CIPPA continuera à vivre et à poursuivre sa mission. J’espère que sa présence lumineuse continuera à en éclairer beaucoup, et je compte sur la CIPPA.
Marguerite Poirot-Delpech psychothérapeute Paris
Nous garderons tout ce qu’elle nous a apporté et sa curiosité.
À cette grande dame qu’elle fût et à cette généreuse envie de transmettre et de travailler encore qu’elle a partagé avec nous.
Joëlle Ferrières
Puisse la recherche théorico-clinique se poursuivre dans son sillage au sein de la CIPPA avec autant d’ouverture, de vitalité et de ténacité…
Brigitte Tarrière
C’est avec tristesse que nous apprenons la disparition de Geneviève Haag.
Grâce à elle j’ai pu assister aux débuts du Gerpen et nous avons suivi avec attention ses recherches , ses contacts avec les psychanalystes anglais avec sa liberté de pensée . Elle a contribué à la participation de la psychanalyse dans le débat passionnel de l’autisme en acceptant le dialogue avec d’autres approches théoriques. Elle s’est confrontée directement à la clinique difficile auprès des enfants avec autisme cherchant des signes que certains d’entre nous n’avaient pas l’attention suffisante , pour accepter cette communication avec patience , respect et attention. C’est une grande dame qui nous a quittés peu de temps après son mari Michel Haag interlocuteur attentif. Elle laisse par ses articles et un ou des livres une œuvre impressionnante à l’épreuve de cette clinique .
Ma tristesse vous accompagne de même que sa famille.
Dr Blandt Guettier
Nous avons perdu une grande dame très humaine qui a apporté beaucoup de lumière sur le mystère qu’est l’autisme. Puisse ce chemin lumineux qu’elle a tracé continuer à inspirer et guider les jeunes générations vers plus de découvertes.
Mensour Kenoui, médecin psychiatre, Vernon-Poissy
C’est en effet très très triste. Que de souvenirs partagés !
Jean-Michel Thurin
Quelle profonde tristesse, merci à elle pour son enseignement, sa présence, sa manière de nous guider avec sa franchise et pertinence de pensée. !
Je fais partie de ces anonymes qu’elle a contribué à former à la pratique clinique.
Merci mille fois.
Fernand Gil
Je viens d’apprendre le départ de Geneviève Haag. J’en suis très affectée. Elle m’a accompagnée pendant plusieurs années dans mon travail de thérapie auprès de mes petits patients et ce, jusqu’à l’an dernier, décès de son compagnon de vie. Nous avions créé, non pas un lien d’amitié mais d’affection. Son départ me laisse un peu … orpheline. C’était une grande dame.
Sandrine Bascoul
« On peut garder d’elle des trésors »
Maria Squillante
Ce fut un honneur et un grand plaisir d’avoir pu, pendant 20 ans, aider modestement Geneviève Haag comme secrétaire et d’avoir, au fil des ans, noué avec elle des relations amicales et affectueuses.
Gisèle Jubin
J’ai beaucoup de peine comme vous. Geneviève nous a tellement enrichis par sa pensée, son humanité et sa bienveillance.
Bien amicalement et bien tristement.
Denise Huon
O corpo a morte leva
A voz some na brisa
A dor sobe para as trevas
O nome a obra imortaliza
Extrait de la chanson « Súplica », composée en 1979 par João Nogueira, un chanteur bésilien de samba
Pr Tarcisio Andrade, Univ. Santa Casa – Brésil
J’ai connu Mme Geneviève Haag tardivement, à l’Institut Claparède entre 2005 et 2015, au séminaire bimensuel du jeudi matin qu’elle coanimait avec Mme Hélène Suarez Labat. J’étais alors en poste sur un secteur de pédopsychiatrie où les psychothérapies psychanalytiques ont été sabordées.
Aujourd’hui, notre finitude humaine nous impose de perdre une femme qui nous aura tous marqués, très discrète, et dotée d’une telle puissance dans sa compréhension des processus existentiels à l’œuvre, qu’elle n’abandonnait ainsi, ni l’enfant – hors monde -, ni les parents dans leur désarroi.
Elle savait prêter une attention unique au matériel clinique que nous apportions et ne manquait pas de mentionner les correspondances avec les découvertes neuroscientifiques lorsque cela était possible.
Une femme d’une grande sensibilité, que nous avons vu abattue, puis debout, lors des pluies de directives antipsychanalytiques.
Avec tristesse, mais confiante en la CIPPA, et aussi un peu en chacun de nous, selon ses possibilités, pour faire vivre ce qu’elle a initié.
Isabelle Nebel, psychologue clinicienne
C’est avec une grande tristesse comme nombre d’entre nous que j’ai appris le décès de Geneviève Haag, grande dame de la psychanalyse, si humble, généreuse et qui a tant transmis. J’ai eu la chance de suivre son séminaire et j’ai été quelques années en supervision avec elle. Chacune de ses interventions était riche et laissait à comprendre, associer, penser.
Lors de la journée que la Cippa lui avait consacrée autour de la présentation de son livre « Le moi corporel », en fin de journée, après les nombreux applaudissements elle avait dit :
« Il ne faut pas m’ idéaliser » et c’est ainsi, je pense, qu’elle souhaitait qu’on la voit.
« Je n’ai rien inventé » avait-elle coutume de dire « tout est là, il faut relire Freud, Mélanie Klein, Bion, Tustin » (et d’autres)
Certes ce discours était emprunt de modestie mais également du message qu’elle souhaitait transmettre: écouter, avec notre singularité, notre chemin parcouru, les patients, leur famille et recueillir le matériel constitué du langage verbal et non verbal pour permettre son élaboration.
Elle nous a laissé pour ce faire de merveilleux outils fruits de son expérience.
C’est de cela que je souhaitais témoigner.
Corinne Presberg, psychologue, psychothérapeute
Geneviève Haag e venuta + volte a Napoli a parlare a me e ai colleghi psicoterapeuti dell eta evolutiva del suo lavoro pionieristico con bambini autistici e psicotici. si era ispirata come noi alle scoperte dei 2 psicoanalisti inglesi D. Mestzer e F. Tistin. ma le aveva approfondite nella sua lunga esperienza con quei bambini che non avevano mai raggiunto il lingiaggio verbale continuando a esprimersi preverbali. il suo lavoro era simile a quello dell antropologo che si stabilisce a vivere x un certo tempo in una comunita primitiva – prima di descriverla in base ai suoi modelli teorici – della quale cerca con grande rispetto di comprendere dal di dentro il linguaggio e la cultura.
Susanna Messeca, Italie
Je suis terriblement affectée par cette nouvelle. Geneviève était une très grande chercheuse, curieuse, avangardiste. Elle avait vraiment l’esprit de la recherche et cela me désole de savoir que je n’aurai plus ces discussions avec elle si extraordinaires. C’est le partage que j’ai pu avoir avec elle…
Je suis de tout coeur avec la famille et vous tous de la CIPPA. Le flambeau qu’elle a allumé doit rester vivace.
Laurence Barrer, Aix en Provence
Tu nous as quittés, chère Geneviève, le moment de ton passage est arrivé. Pour une amitié il faut être à deux. Nous ne reverrons plus la clarté de ton regard, n’entendrons plus le ton discret de ta voix, ne tiendrons plus de dialogues en présence. Mais ce que tu nous laisses est précieux. C’est la lucidité de ta pensée, ton refus des compromis, la profondeur de ta sensibilité.
Et enfin, tes couleurs, auxquelles tu es restée fidèle jusqu’à la fin de tes jours – les rouges dans toutes leurs tonalités, les oranges, les jaunes – déployées encore une fois dans les fleurs qui t’ont accompagnées le long de ton dernier voyage. Tes couleurs, elles aussi, resteront avec nous. Merci Geneviève.
Suzanne Maiello, Italie
Chère Geneviève,
Je n oblirait jamais nos rencontres de travail …..votre amour pour les enfants…..a Michel….. a votre maison a Paris…..et aux macarons de nos rencontres !!!!!!!!
Dra Cristina Huberman
Souvenir d’une grande dame qui a beaucoup apporté dans l’élaboration analytique des groupes à médiations thérapeutiques et des processus autistiques.
Son départ a quelque peu chamboulé notre « moi corporel … »
Je viens ici saluer la finesse de son observation et de son intelligence, de ses pensées si riches et abondantes qui laissent à ses collègues l’envie de continuer….de poursuivre le travail…
Avec toute mon admiration..
Sofia Lupo, psychomotricienne
Geneviève Haag, proche de Claude Sternis, la présidente d’Asphodèle, suivait de près ses travaux. Un mur d’hommages se monte sur leur site.
http://www.asphodelelesateliersdupre.fr/
Mes hommages à une belle personne, à une grande et créative psychanalyste !
David Rosenfeld- psychanalyste, Buenos Aires, Argentine
Nous avons été très peinés d’apprendre le décès de Geneviève Haag. Elle faisait partie des psychanalystes qui ont le plus œuvré pour promouvoir de nouveaux concepts et une approche novatrice des autismes. Ses travaux sur le moi corporel font référence aujourd’hui. Depuis la création du RAAHP, elle nous avait toujours soutenus.
Patrick Sadoun, Président du RAAHP (Rassemblement pour une approche de l’autisme humaniste et plurielle)
http://www.raahp.org/
Autisme à Blois : garder la porte ouverte comme Geneviève Haag
La Nouvelle République – 20/07/2022 à 10:53
Geneviève Haag, à laquelle les cliniciens blésois rendent hommage, a travaillé toute sa vie auprès d’enfants autistes.
© (Photo illustration NR)
S’occuper d’enfants autistes implique un questionnement permanent pour les cliniciens. C’est pourquoi ils ont besoin de se nourrir des travaux de grands théoriciens, à l’image de Geneviève Haag, psychiatre et psychanalyste qui s’est éteinte le 5 juillet. Elle était connue et reconnue par ses pairs à travers le monde pour sa clinique de l’autisme et son observation psychanalytique des bébés.
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« Elle m’a profondément marquée »
À Blois (Loir-et-Cher) aussi, les cliniciens engagés auprès des bébés et enfants autistes sont en deuil. « J’ai eu la chance de travailler dix ans dans son équipe du centre médico psycho pédagogique de Neuilly (Hauts-de-Seine). Elle m’a profondément marquée : elle essayait toujours de construire des ponts entre les différents courants de pensée. Elle avait une façon plurielle de penser les choses ; elle restait accessible à tous et tout le monde dans la profession connaît ses écrits », témoigne Fanny Prouvé, psychomotricienne à Blois.
Avec un réseau informel de cliniciens à Blois, elle a tenu à lui rendre hommage. Et au-delà expliquer combien il est important de conserver la possibilité d’avoir une approche multidisciplinaire et ouverte des enfants autistes.
Lire aussi. Loir-et-Cher : Aider les familles confrontées à l’autisme
« Elle faisait du cousu main et les trajectoires des familles sont toutes différentes nous le voyons bien chaque jour. Elle savait ouvrir les portes et c’est ce que je souhaite continuer à travers cet hommage. »
- Différentes approches coexistent
Différentes approches coexistent pour aborder l’autisme : comportementaliste, cognitive, neurologique et psychanalytique.
« Ce qui nous inquiète, c’est la disparition programmée de la dimension psychanalytique, explique Frédéric Tagu, psychologue et psychanalyste. L’ARS et la Haute autorité de santé ne parlent plus de souffrance psychique, ils ne travaillent que sur les troubles de la communication. Petit à petit on l’évacue : dans le cadre de la formation continue pour nos collègues qui travaillent en institution, la psychanalyse est refusée. C’est se mettre la tête dans le sable, un peu comme lorsque l’on pensait que les bébés ne connaissaient pas la douleur et qu’on les opérait sans anesthésie… «
Neurosciences et psychanalyse combinées Les cliniciens en appellent donc à s’inspirer plus que jamais des travaux de Geneviève Haag, qui défendait l’importance du soin psychothérapique pour les enfants autistes, en le combinant aux autres approches et aux avancées des neurosciences.
Et à ne pas limiter les outils qui sont à leur portée pour venir en aide aux jeunes autistes qui sont tous différents, et dont l’évolution nécessite aussi des réponses autres au fil des ans.
« Le tout inclusif actuel peut être dévastateur pour certains enfants. Il faut des réponses adaptées et donc variées et en amont des approches qui ne soient pas que scientifiques mais s’occupe aussi de la vie émotionnelle. »
- Une observation longue et infatigable
Geneviève Haag travaillait avec le personnel des crèches pour mieux repérer les signes précoces, mais aussi le former. Elle est connue pour son observation longue et infatigable des bébés après avoir été formée par Esther Bick à Londres, pour avoir décodé ce qu’ils ont à communiquer au-delà de tout langage.
« Elle nous invite a faire tabula rasa : on ne sait rien et on observe un bébé dans sa famille, chaque semaine durant deux ans. » Les cliniciens blésois reconnaissent que la psychanalyse pure a fait du tort à l’autisme, en rejetant la culpabilité sur la mère.
« Nous avons dépassé cela heureusement, mais penser qu’il n’y a que l’aspect scientifique qui joue constitue la même erreur, à l’opposé », ajoute Frédéric Tagu. Fanny Trouvé en appelle donc à maintenir l’ouverture entre toutes les spécialités qui peuvent apporter leur pierre dans la compréhension et l’accompagnement de l’autisme. Une main tendue qui n’a rien de polémique ou corporatiste, comme Geneviève Haag l’a toujours fait. Le plus beau des hommages.
